Le portage salarial est une forme d’emploi en pleine expansion qui permet à des travailleurs indépendants de bénéficier d’un statut salarié tout en conservant leur liberté d’action. Si vous êtes un professionnel cherchant à vous lancer dans cette voie, il est essentiel de bien comprendre le cadre légal qui régit cette activité. Dans cet article, nous vous proposons un panorama complet du cadre légal du portage salarial, en abordant ses fondements juridiques, les conditions et modalités de son exercice ainsi que les droits et obligations qui en découlent.
Fondements juridiques du portage salarial
Le portage salarial est né de la volonté de créer un statut intermédiaire entre le travail indépendant et le travail salarié. Il a été introduit en France par la loi n° 2008-596 du 25 juin 2008, dite « loi de modernisation du marché du travail », qui a posé les premières bases légales pour encadrer cette activité. Depuis lors, le régime juridique du portage salarial a connu plusieurs évolutions importantes.
En premier lieu, il convient de mentionner l’ordonnance n° 2015-380 du 2 avril 2015, qui a apporté des précisions sur les conditions d’exercice et les droits des travailleurs portés. Cette ordonnance a été ratifiée par la loi n° 2016-1088 du 8 août 2016, dite « loi Travail », qui a également prévu la mise en place d’une convention collective spécifique au portage salarial.
Par la suite, le cadre légal du portage salarial a été complété par la loi n° 2017-1837 du 30 décembre 2017 de financement de la sécurité sociale pour 2018, qui a notamment introduit une garantie financière obligatoire pour les entreprises de portage salarial ainsi que l’établissement d’un compte d’engagement citoyen pour les travailleurs portés.
Conditions et modalités d’exercice du portage salarial
Le portage salarial est encadré par des règles précises, tant sur le plan des acteurs concernés que sur celui des conditions de son exercice. Il convient ainsi de distinguer trois parties prenantes dans une relation de portage salarial : le travailleur indépendant (ou « porté »), l’entreprise cliente et l’entreprise de portage salarial.
Pour être éligible au portage salarial, le travailleur doit remplir certaines conditions. Il doit notamment être âgé d’au moins 16 ans, disposer de compétences professionnelles reconnues dans son domaine d’activité et exercer une activité qui ne soit pas exclusivement commerciale. De plus, il doit être inscrit auprès des organismes compétents (Pôle emploi, URSSAF, etc.) en tant que demandeur d’emploi ou travailleur indépendant.
L’entreprise de portage salarial, quant à elle, doit être immatriculée au registre du commerce et des sociétés et disposer d’une garantie financière suffisante pour assurer le versement des salaires et des cotisations sociales. Cette garantie financière est généralement fournie par une banque ou un établissement de crédit. De plus, l’entreprise de portage doit respecter les règles relatives à la représentation du personnel et aux conditions de travail dans le cadre d’une convention collective spécifique.
Enfin, l’entreprise cliente doit veiller à respecter les obligations qui lui incombent en matière de sécurité et de santé au travail, notamment en ce qui concerne la prévention des risques professionnels. Elle doit également s’assurer que le travailleur porté n’est pas utilisé pour contourner certaines règles du droit du travail, par exemple en cas de grève ou de lock-out.
Droits et obligations découlant du portage salarial
Le cadre légal du portage salarial confère aux travailleurs portés un ensemble de droits et d’obligations similaires à ceux des salariés classiques. Ainsi, ils bénéficient notamment :
- de la protection sociale (assurance maladie, maternité, accidents du travail, retraite) ;
- du droit à la formation professionnelle continue ;
- de la prise en compte de leur ancienneté pour l’accès à certains droits sociaux (indemnités de licenciement, congés payés) ;
- d’un compte d’engagement citoyen, permettant de valoriser leurs activités bénévoles et associatives.
De leur côté, les entreprises de portage salarial sont tenues de :
- conclure avec le travailleur porté un contrat de travail en bonne et due forme, précisant notamment la durée du contrat, les modalités de rémunération et les conditions d’exercice de l’activité ;
- verser au travailleur porté un salaire au moins égal à 70 % du chiffre d’affaires hors taxes généré par son activité, dans la limite d’un montant minimum fixé par la convention collective ;
- fournir au travailleur porté un bulletin de paie détaillé, mentionnant notamment les cotisations sociales et les charges patronales ;
- mettre en place des dispositifs de représentation du personnel et de prévention des risques professionnels.
Perspectives d’évolution du cadre légal du portage salarial
Tout en constituant une solution intéressante pour les travailleurs indépendants souhaitant bénéficier d’un statut salarié, le portage salarial demeure une forme d’emploi encore méconnue et parfois critiquée. Les pouvoirs publics ont toutefois manifesté leur volonté de promouvoir cette activité, notamment en facilitant l’accès à la formation professionnelle pour les travailleurs portés et en soutenant le développement des entreprises de portage salarial.
En outre, il convient de noter que le cadre légal du portage salarial pourrait être amené à évoluer, notamment pour tenir compte des spécificités des différentes professions concernées et des enjeux liés au développement du numérique. Dans ce contexte, il est essentiel pour les professionnels de se tenir informés des évolutions législatives et réglementaires susceptibles d’affecter leur activité.
Le cadre légal du portage salarial offre aux travailleurs indépendants une solution flexible et sécurisée pour exercer leur activité tout en bénéficiant du statut de salarié. Toutefois, il convient de bien maîtriser les règles juridiques qui encadrent cette forme d’emploi, afin de garantir le respect des droits et obligations de chacune des parties prenantes. Si vous envisagez de recourir au portage salarial ou si vous êtes déjà engagé dans cette voie, n’hésitez pas à consulter un avocat spécialisé pour vous accompagner dans vos démarches et vous aider à tirer le meilleur parti de ce dispositif.